Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 4 novembre 2012

"Ce petit Grec faisait le signe de Troie comme qui rigole". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(N'ATTENDS PAS LE CHANGEMENT
POUR LE CHANGEMENT)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(53)
pcc Benoît Barvin

Ghost

Roses

   Il n'aimait pas les roses, le défunt, si j'en croyais le bouquet déchiqueté qui gisait sur sa tombe. Un bouquet qui s'ajoutait à la dizaine d'autres, depuis deux mois, également mis à mal. Je m'y étais intéressé car j'aimais ce cimetière, lumineux au milieu de cette ville morne, presque sale. Et cette tombe où les bouquets de roses étaient détruits, comme si une bête invisible s'y était acharné dessus, durant la nuit, avait très vite éveillé mon attention.

   Voulant en avoir le coeur net, je me laissai enfermer dans le cimetière, une nuit et, alors que sonnaient les douze coups fatidiques à l'horloge de l'église toute proche, je vis sortir de la tombe un spectre, qui avait l'allure d'un homme jeune encore, mais terriblement pâle. En apercevant le bouquet que, cette fois, j'avais acheté et posé sur la dalle, la silhouette se mit soudain en colère et piétina les roses avec rage. Je m'approchai, me nommai et, voyant que l'apparition ne me faisait pas faux bond, je l'interrogeai sur sa curieuse réaction. De fil en aiguille, nous finîmes par discuter, tels de vieux amis, urbainement.

   "C'est vrai, me dit-il d'une voix agréable d'outre-tombe. Je déteste les roses. Ce sont elles, en effet, qui sont responsables de mon décès brutal et très douloureux". Piqué par la curiosité, je voulus en savoir plus. Fort heureusement le spectre était d'un abord agréable et, surtout, il avait besoin de se confier. Il m'apprit que son épouse, "une belle garce", avait enduit 
de poison 
les épines d'un bouquet qu'elle lui avait offert. Petite piqûre au doigt du garçon, gros problèmes dans le coeur, puis celui-ci s'arrête net et voilà que la jeune veuve, éperdue de chagrin, danse une rumba endiablée, sachant que "l'imbécile" l'a couchée sur son testament, après l'avoir allongée dans son lit, un peu trop souvent.

   "Et mal", me précisa la veuve, deux jours plus tard, alors que je lui rapportai cette conversation avec son défunt mari. Une conversation sacrément accusatrice. "Vous comprenez, cher Monsieur, une femme de ma condition a besoin de beaucoup d'argent... et pas de quelques misérables caresses faites à la va vite". Sa condition était celle d'une fille de magazine pour camionneur, comme je m'en aperçus lorsqu'elle se déshabilla lascivement, avant de m'ensorceler à l'aide de ses bras, de ses jambes et d'un délicieux, éperdu, profond baiser.

   Le lendemain, alors que je m'étirais, fourbu mais heureux, elle me demanda innocemment si j'aimais les fleurs. Méfiant, je répondis par la négative. "Moi, ce sont les Religieuses, dis-je en gloussant. J'aime ce mélange vicelard de pâte et de crème". Mon gloussement se transforma, quelques heures plus tard, en un ruissellement d'angoisse quand je vis, posé sur la table de la salle à manger, plusieurs de ces gâteaux que j'avais prétendu adorer.

   "Un seul d'entre eux a été empoisonné, me dit la veuve en souriant aimablement. Lequel choisis-tu?". Je voulus tourner les talons, mais l'automatique qu'elle pointa dans ma direction m'obligea à m'exécuter. Dès les premières contractions de mon estomac, je compris intuitivement que tous les gâteaux avaient reçu leur dose de poison. J'étais cuit...

   Désormais tous les soirs, à minuit, on peut apercevoir, dans le vieux cimetière, deux spectres se livrant chacun à une curieuse occupation: le premier piétine un bouquet de roses comme un animal sauvage alors que le second, à quelques mètres de là, patauge dans un amas de pâte crémeuse qui finit par ressembler à de la boue peu ragoutante. 

   Puis, en partie rassérénés, ces fantômes rejoignent leur lieu de repos, en attendant d'être rejoints par d'autres pitoyables ectoplasmes...


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"Oui je suis nue! Comme mes autres copines!
Ça vous dérange?"

Odalisca (1862) par le peintre italien
Luigi Mussini (1813-1888).


(Ce modèle n'avait pas sa langue dans sa...
heu... poche)

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"Que signifient ces cornes?
Oh, trois fois rien, mon cher mari,
une simple décoration..."

Isabelle et Orléans (1938) 
par  le peintre érotique australien 
Norman Lindsay (1879-1969).

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"Si je suis la nouvelle concierge?
Tout à fait... Vous avez deviné..."

Une beauté de harem  ou une odalisque 
par le peintre français 
Henri Adrien Tanoux (1865-1923) 
 spécialisé dans les sujets orientalistes.

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"Pfff... 1000 contes...
Plus qu'un dernier et c'est dans la poche!"

Une autre Beauté de Harem (1899)
 par le peintre espagnol 
Francisco Masriera Manovens y (1842-1902).

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Blanche Baptiste

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